vendredi 25 décembre 2015

LEON NOEL





L’anagramme de Noël ?
Léon
Roi de l’accordéon
L’anagramme d’accordéon ?
Concorde
Synonyme d’union et de fraternité

Rêvons…

mercredi 23 décembre 2015

CHRONIQUE SUR LA LISTE DE FANNET

La Liste de Fannet     
Jacques Koskas 
Editions Vivaces (2015)

(Par Annie Forest-Abou Mansour)
 http://lecritoiredesmuses.hautetfort.com/archive/2015/12/21/laliste-de-fannet-5734414.html

   image liste.jpgC’est avec plaisir que le lecteur retrouve le commandant de police Hippolyte Mangin et son psychanalyste le docteur Noiraud dans La Liste de Fannet de Jacques Koskas. Identique à lui-même, affublé des mêmes tics (Il « triture sa boucle d’oreille », « masse son crâne lisse », « Mangin se frotte le crâne d’une main, l’autre triturant l’anneau pendant à son oreille »), Hippolyte Mangin n’a pas tellement changé depuis son enquête dans 18 rue du Parc (1). Il « est toujours glabre de la tête aux pieds », « son système pileux a (yant) grillé comme un arbre » suite au départ d’Emma et de la petite Chloé. Après avoir passé une année dans une clinique psychiatrique et tenté difficilement de se réinsérer dans la vie sociale, les événements vont l’obliger à sortir de sa tanière et à réintégrer son poste au commissariat.
   En effet, une série de crimes se succèdent subitement : plusieurs femmes d’une quarantaine d’années, de classes sociales différentes sont tuées, puis « déshabillée (s), placée(s) en position foetale, coiffé (es) avec soin ». Mangin, secondé par « la lieutenante Marithé Lesourd », adepte d’anagrammes, « son sport favori » et caractérisée par ses « plus-ou-moins-cent-kilos-selon-les-jours », doit trouver le plus rapidement possible l’auteur de ces crimes.
   Dans La Liste de Fannet, la distance entre le roman dit classique et le roman policier n’existe plus. Nous sommes loin de la paralittérature manichéenne d’une société scindée entre les bons et les méchants. Le roman de Jacques Koskas est une œuvre littéraire exigeante malgré la simplicité de sa lecture. L’écrivain brosse les portraits de ses personnages, dotés d’une dense personnalité, à traits précis. La structure narrative polyphonique ; avec les fragments du journal de Fannet, l’enregistrement du témoignage de Momo, le professeur d’histoire qui a sombré dans la clochardisation après son divorce, les pensées, les perceptions de Mangin, les focalisations internes, l’alternance du présent et du passé ; permet d’appréhender la réalité sibylline des êtres et de la société dans laquelle ils évoluent et confronte le lecteur aux implicites, aux non-dits. Les crimes renvoient chacun à ses interrogations intimes, à ses questionnements, à ses remises en question. Les personnages sont partagés entre l’horreur indicible devant une violence inimaginable et la tentative de compréhension. Déchiffrer les messages du criminel favorise la confrontation de Mangin avec ses propres souvenirs, son propre passé refoulé depuis de nombreuses années : « Mangin songe à la conversation qu’il a eue avec Noiraud. Le souvenir inopiné de sa sœur lui a fait l’effet d’un coup de massue. Par quel chemin tortueux en est-il arrivé à la relier à Chloé ? ». Le passé de chacun révèle son présent  comme l’indique le docteur Noiraud : « Questionnez votre enfance, votre présent y est écrit ». Derrière les crimes, la psychologie complexe des êtres humains surgit. Le docteur Noiraud, persona du narrateur, les décrypte, les explique, explorant les méandres de la conscience et de l’inconscient. Il illustre le problème de la somatisation à travers le personnage de Mangin : « Chez Mangin, la pelade remplit son office : exhiber la douleur, refuser qu’on y touche et mettre le monde à distance », la « compulsion de répétition » à travers Fannet. Le narrateur montre comment Mangin surmonte progressivement ses traumatismes et accède enfin à la guérison : « Hyppolyte Mangin effleure, du bout des doigts, la plaque rugueuse, apparue, cette nuit, à la pointe du menton, à l’endroit précis où ses premiers poils de barbe avaient poussé, à l’âge de… Il ne sait plus ».
   Le roman de Jacques Koskas se fonde sur les apports des sciences humaines. La fiction littéraire dialogue avec la psychanalyse, la sociologie. L’intrigue subtilement menée, semée d’indices ingénieux, emporte le lecteur dans un suspens haletant parsemé de clins d’œil humoristiques, (« -Est-ce que je mange quand même, parce que, pour moi, c’est l’heure, si je ne veux pas faire une hypo./ -Hippo ? Lesourd ! Pas de familiarités, je vous prie ! - Hypoglycémie, monsieur, hypoglycémie » ou « Il serait capable de bazarder son attirail sur son lit d’hôpital, et de nous rejoindre à cheval sur sa bouteille d’oxygène ! »), d’émotions avec la référence à la Shoah (« le 16 juillet 1942, jour de la rafle du vel-d’hiv. J’avais à peine quatre ans. La concierge m’avait caché dans une poubelle. Au bout d’un moment, le couvercle s’est soulevé. Le visage d’un policier s’est penché vers moi. Puis le couvercle s’est refermé… »), de poésie, ( « Dame Déprime, qui jouait l’endormie, ouvre un œil. Avec la souplesse d’un serpent hypnotisant sa proie, elle commence à déployer sa mélancolie sombre, effaçant toute couleur au monde »).
   Jacques Koskas renouvelle le genre du roman policier en brouillant savamment les pistes et en superposant diverses intrigues fortes en émotions, en humour noir et en tensions.

( 1) Du même auteur :
Koskas Jacques
http://lecritoiredesmuses.hautetfort.com/archive/2014/10/29/18-rue-du-parc.html

jeudi 10 décembre 2015

RENCONTRE DEDICACE


mardi 1 décembre 2015

un peu de narcissisme ça ne peut pas faire de mal


http://jacqueskoskas.wix.com/jacques-koskas

mardi 27 octobre 2015

LA LISTE DE FANNET

Mon dernier livre : un roman policier sur le thème du processus de résilience



Que penser de ces scènes de crime agencées comme des installations d’art contemporain au goût macabre ?

Le commandant Hyppolite Mangin, mis au défi de déchiffrer leur message, se trouve confronté, en même temps, au retour dérangeant de souvenirs d’enfance, longtemps refoulés… 

Parviendra-t-il à mener de front l’élucidation des meurtres et la recherche d’une vérité oubliée de sa propre histoire, dévoilée par les « équivalences symboliques » que lui suggère le Dr Noiraud, son médecin à tout faire ?

Mêlant analyse psychologique et humour noir, ce roman aborde le sujet sensible de l’infanticide (réel ou fantasmé) à travers une réflexion sur le processus de résilience. 

http://jacqueskoskas.wix.com/editions-vivaces



vendredi 28 août 2015

UNE IDEE



Une idée

           D’abord, je n’y fis pas attention. Légère, aérienne, elle flottait portée par une brise chaude. Virevoltant sur une ritournelle de trois notes échappées d’une boîte à musique, elle embaumait ce parfum que l’on respire dans le Sud, menthe et thym piqués d’une pointe de piment rouge. L’aurais-je inhalée, le nez au vent ?

          À moins qu’elle ne soit entrée par la bouche. Je l’aurais avalée comme on avale n’importe quoi, l’eau, l’air, la fumée. Alors pourquoi pas une idée ? Ça va, ça vient, ça se donne, ça se retient… ça peut même se refuser. Ainsi, moi, j’ai toujours repoussé l’idée de la mort. Résultat, la mort n’existe pas.

          Les gens qui meurent ? Ceux-là avaient accepté l’idée de la mort avant de mourir. Vous comprenez pourquoi je suis aussi prudent avec les idées qui se présentent. Surtout les nouvelles, qui ne sont souvent que des anciennes, remises au goût du jour. Ainsi, accorder les mêmes droits à tout le monde, sans distinction d’origine, de classe, d’âge, de sexe, de religion, de peau… est une vieille idée, jamais appliquée, parce que contre-nature ! Ou alors décider du moment de sa mort et se faire assister par le personnel médical, le tout remboursé par la sécurité sociale. Idée ingénieuse qui consiste à faire sponsoriser son suicide par les contribuables. Délirant, non ?

          Vous pensez que suis obsédé par la mort ? En voilà une idée ! La mort ne présente aucun intérêt pour moi. Je veille à ce qu’aucune de mes idées ne soit en contact de près ou de loin avec ce qui peut l’évoquer. Impossible ? Voilà une idée toute faite ou je ne m’y connais pas. Réfléchissez. Chaque idée appartient à une catégorie. Chaque catégorie a ses spécialités. Prenez les idées noires avec leur cortège de blues, déprime, mélancolie et autres jérémiades. Elles sont spécialisées dans la mort à plus ou moins long terme selon le temps dont on dispose et selon l’urgence. Donc, je les élimine sans m’encombrer d’état d’âme. Simple comme idée non ?               

        Impossible ? Décidément, c’est une idée fixe chez vous. Laissez-moi vous expliquer. Avant de faire mienne une idée, je l’étudie, je la sonde, je la teste. En particulier si elle semble insolite. C’est le cas des idées étrangères, venues d’on ne sait où, qui sèment à tout-va et qui n’ont qu’un but : pénétrer les esprits faibles pour les dominer.

          Pour moi, une bonne idée est une idée conforme à celles qui m’habitent. Et je suis sans pitié pour les idées farfelues qui cherchent à s’imposer en corrompant les miennes. Comment les reconnaître ? Quelle naïveté ! N’avez-vous donc rien dans la tête ? Ne voyez-vous pas toutes ces idées parées de beaux atours, brillant de mille feux, qui se colportent ici et là sous les masques trompeurs du progrès et de la liberté ? Certaines vont même jusqu’à prôner l’égalité entre tous les êtres vivants.

          Ne plus manger d’animaux sous prétexte que les conditions d’élevage et d’abattage sont inhumaines. Quelle idée ! Ce sont des animaux, pas des humains ! Faut pas confondre !

          Affirmer que l’agneau souffre au moment où le couteau lui tranche la gorge, que le poisson se tord de douleur pendant son agonie sur le pont d’un bateau, que les poussins mâles, broyés vivant à leur naissance, endurent le martyre,  c’est une idée noble, certes, aussi je demande, sans rire : qui se préoccupe de la laitue qui hurle sa souffrance au moment où on lui coupe le pied ? Voilà une idée à méditer, vous ne trouvez pas ?

          Vous semblez si morose. Je ne serais pas étonné d’apprendre que vous êtes en proie à des pensées coupables, malfaisantes, qui vous minent et ne vous laissent aucun répit.

        Résistez ! Faites comme moi ! Je limite mes idées au strict nécessaire. Une idée pour les jours ordinaires, une autre pour les moments exceptionnels, plus une ou deux que je garde en réserve pour les dîners en ville. Que des idées claires, de bon sens, d’honneur et d’honnêteté. Des idées irréprochables, que partagent les personnes tout à fait estimables que je fréquente.

          Je vois. Vous trouvez cela limité, rétrograde, peu stimulant ? Voilà une idée qui ne me plaît guère et que j’écarte aussitôt. Que dites-vous ? Mortifère ? C’en est trop ! Je constate que vous êtes intoxiqué au plus haut degré. À votre place, je chasserais immédiatement ces idées misérables.

          Prenez exemple sur moi. Je vous faisais part de mon inquiétude à propos de cette idée que j’ai avalée en respirant l’air du Sud, bercé par une petite musique malicieuse aux senteurs exotiques. Cette idée me hante. Elle est lancinante, insistante, répétitive. Pour être franc, je suis un peu désemparé. C’est la première fois que je me trouve face à une idée inconnue aussi tenace. J’ai le sentiment qu’elle me nargue. Elle a réussi à s’infiltrer dans mon cerveau. Elle fouine, m’espionne, me colonise, cogne contre mes tempes, sous les os de mon crâne. Quel vacarme ! Mes pensées s’entrechoquent, s’emmêlent, je ne les reconnais plus. Mes certitudes volent en éclat. C’est le chaos ! Des idées folles me traversent. C’est intolérable ! Je suis contaminé ! Vous m’avez contaminé ! J’aurais dû être plus vigilant. J’aurais dû me boucher le nez ce jour-là. Fermer ma bouche, mes yeux, mes oreilles !   

          Je ne me laisserai pas faire. Je vais expulser cette idée tentatrice, obscène, révoltante. Je vais l’extirper de ma tête. Comment ? Rien de plus simple. J’ai déjà eu l’occasion de soulager certains individus infectés par des idées inacceptables. Il suffit d’une petite opération, sûre et rapide. Une ouverture dans la tempe, et l’idée indésirable disparaît à jamais.

          Ce revolver fera très bien l’affaire.

Jacques KOSKAS